(Source : https://twitter.com/JoaoGwadloup/status/748278839273459712 )
Je pense que le nœud de cette grosse divergence vient (en grde partie, pas forcément exclusivement) des sens qu'on donne au mot "politique".
Pr moi "politique"=affrontement entre des grpes sociaux produits par un système qui les hiérarchise, soit pr le maintenir soit pr l'anéantir
Mais "politique" pour moi ne veut absolument pas dire ceci : prise en compte des souffrances existantes, individuellement ou collectivement
C à d que je pense qu'il existe des souffrances réelles ms qui ne constituent pas un sujet politique car j'adhère à la première définition.
Et un 2e malentendu, c'est de croire que si on adhère à l'idée 1 qd on dit qu'un truc n'est pas politique ça veut dire qu'on le nie/minimise
Or, j'insiste sur ce point, adhérer à la définition 1 ne veut pas dire que soit un sujet est politique, soit il n'existe pas ou ne vaut rien
Qd je dis qu'un sujet n'est pas politique ça vt dire que je ne pense pas qu'il constitue un lieu d'affrontements entre groupes hiérarchisés
mais ça ne veut pas dire que c'est inexistant, pas problématique, pas douloureux etc. Cela n'a rien à voir.
"politique" n'est pas une lettre de noblesse. Il y a de la valeur dans l'existence humaine au-delà du politique, qui n'en est qu'un aspect.
Mais par contre, sans mépriser l'en dehors du politique, je tiens à une définition stricte de ce mot, car sinon ça devient dangereux.
On est d'accord que chaque mot, n'importe lequel, a une définition stricte, et que tout ne peut pas être ranger sous la même étiquette?
Ben pr moi, politique c'est la définition 1 donnée plus bas, et j'y tiens, car ça me semble une base pour penser la lutte contre le système.
1 lutte nécessairement collective partant nécessairement des intérêts divergents au niveau systémique entre les groupes sociaux hiérarchisés
Maintenant, abordons plus précisément le sujet qui fâche : je ne considère pas qu'une lutte NB est politique, simplement parce que je ne
crois pas au fait qu'il existe une divergence d'intérêts d'un point de vue systémique entre un groupe "binaires" et un groupe "NB, comme il
en existe entre hommes et femmes ou entre cis et trans, matérialisée par 1 répartition hiérarchisée des ressources/ taff/ violences etc
Et ce n'est pas l'existence des NB que je conteste ms l'inclusion de la question comme une question politique, au sens où je définis ce mot
(qd je dis au sens où "je" définis ce mot, je parle pas tant que moi, ma personne, que les traditions dans lesquelles je m'inscris)
Sur le plan pratique, l'activité politique (qui de fait reflète ces intérêts divergents systémiques entre groupes) parlent pour elle-même :
qu'importe les tendances (révolut°, réformistes, fafs, libérales, etc) on trouve des groupes cristallisant ces nœuds entre H /F, cis / trans
et il n'est pas question de binarité ou non binarité, ms d'accès aux droits (on peut critiquer l'approche limitée, mais ça s'appuie sur des
barrières, violences bien concrètes produites par le système), ou pour les plus radicaux de critiques du système à partir de ces pbs précis.
Qu'on aime ou qu'on aime pas ttes les tendances de ces luttes, il n'empêche qu'elle cristallise un pb systémique et dc s'adresse au système
soit pour lui dire "stp, intègre nous, on veut notre part du gâteau", soit pour lui dire "on va niquer ta race, système de merde".
Ben pour moi ce processus est "politique", même venant des tendances que je déteste.
Pr la question NB comme ya pas un rapport d'exploitation-oppression systémique qui produit un groupe dominant "binaire" et un dominé NB, et
bien ce "terrain de luttes" où des groupes (en tant que groupes, et pas personnes!) s'affrontent pour ou contre un système, n'existe pas.
Il existe en revanche une lutte de reconnaissance des expériences de personnes se ressent en dehors de la binarité du genre.
Je ne le nie/méprise pas mais ne lui donnerait pas une place politique pour toutes ce les raisons dites plus bas : on doit pouvoir continuer
à penser ces affrontements entre groupes sociaux hiérarchisés par le système, et notamment pour le genre le sexisme et la transphobie.
Ces deux oppressions violentent, répartissent inégalement les richesses, le travail et aussi la mort. Il faut pouvoir les penser. Or, j'ai
du mal à voir comment on peut les penser, les quantifier, quand on estime que c'est le ressenti qui est la base de l'analyse politique, et
pas comment le système classe et hiérarchise. Ya le "sexe social", qui n'est pas l'identité de genre (comment on exprime son genre).
Comment continuer à penser la transphobie, si être trans se pense à partir d'une base déclarative, par des personnes qui peu importe comment
elles se ressentent, VIVENT de fait dans leur genre d'assignation, c'est à dire sans expérimenter la marginalisation que crée la transphobie
dans ce qu'elle a de plus institutionnelle, et plus largement systémique ? Que ça soit douloureux de ne pas être perçu ds son genre ressenti
je ne le nie pas. Ms politiquement ya une différence entre ne pas être reconnu ds le genre ressenti, et être EXCLU pr le sexe social choisi.
Et c'est à cette exclusion que répondra la lutte politique - ttes tendances confondues - en s'adressant ou s'attaquant au système qui exclut
Pour finir avec ce très long thread : j'assume que l'idée de définir un sujet politique c'est en soi exclure ce qui ne serait pas ce sujet.
je refuse d'être figé, mais même dans les évolutions que le contexte imposera, j'assumerais la rigueur et les limites inévitables à poser.
Une lutte politique trans pour moi ce n'est pas inclure - par vaine peur d'exclure - toutes les souffrances (réelles) liées au genre, mais
c'est politiser la condition des personnes vivant la transphobie systémique, qui les met en conflits avec un groupe "cis" et (bonus lié à ma
tendance politique) partir de ce point là pour rejoindre les autres sujets politiques constitués pour aller niquer le système (rêvons).
(ps : je crois pas non plus qu'il soit nécessaire pour touTEs de s'expliquer aussi longtemps sur le pourquoi du comment de cette position,
mais j'avais envie de lâcher une bonne fois ma pensée sur ce sujet. Il y a des désaccords fondamentaux qui vont durer, c'est comme ça...)