Skip to content

Instantly share code, notes, and snippets.

Show Gist options
  • Save aresnick/13ae0ee18a5b1560bba058e66e6e744c to your computer and use it in GitHub Desktop.
Save aresnick/13ae0ee18a5b1560bba058e66e6e744c to your computer and use it in GitHub Desktop.

Pasteur on "applied science" and prepared minds

An excerpt from his "ELIMINATION OF CUMULATION IN EDUCATION PHYSICAL AND NATURAL SCIENCES" (1868)

via Œuvres de Pasteur:

Peu de personnes comprennent la véritablé origine des merveilles de l’industrie et de la richesse des nations. Je n’en veux d’autre preuve en ce moment que l’emploi de plus en plus lréquent, dans le discours, dans le langage officiel, dans des écrits de tous genres, d’une expression fort impropre, celle de sciences appliquées. On se plaignait naguère, en présence d’un ministre du plus grand talent, de l’abandon des carrières scientifiques par des hommes qui auraient pu les parcourir avec distinction. Cet homme d’Etat essaya de montrer qu’il ne fallait pas en être surpris, qu aujourd'hui le règne des sciences théoriques cédait la place à celui des sciences appliquées. Rien de plus erroné que cette opinion: rien de plus dangereux, oserai-je dire, que les conséquences pouvant résulter, dans la pratique, de ces paroles. Elles sont restées dans ma mémoire comme une preuve évidente de la nécessité impérieuse des réformes que réclame notre enseignement supérieur. Non, mille fois non, il n’existe pas une catégorie de sciences auxquelles on puisse donner le nom de sciences appliquées. Il y a la science et les applications de la science, liées entre elles comme le fruit à l’arbre qui l’a porté.

Je ne sais quelle a pu être la part du hasard dans la naissance des arts industriels à l’origine des sociétés, lorsque l’homme s’est montré nu et sans défense à la surface de la terre, alors qu’il ignorait l’extraction et l’usage des métaux, la fabrication du verre et des poteries, etc. Niais ce qui est certain, c’est que, de nos jours, le hasard ne favorise l’invention que pour des esprits préparés aux découvertes par de patientes études et de persévérants efforts.

Les grandes innovations pratiques, les grands perfectionnements de l'industrie et des arts, les changements même dans les rapports des Etats sont tous sortis des méditations profondes de mathématiciens illustres, des laboratoires de savants physiciens, de chimistes consommés, d’observations de naturalistes de génie. « Elles ne sont, dit Cuvier, ces grandes innovations pratiques, que des applications faciles de vérités d’un ordre supérieur, de vérités qui n’ont point été cherchées à celte intention, que leurs auteurs n’ont poursuivies que pour elles- mêmes et uniquement entraînés par l’ardeur de savoir. Ceux qui les mettent en pratique n’en auraient point découvert les germes ; ceux au contraire qui ont trouvé ces germes n’auraient pu se livrer aux soins nécessaires pour en tirer parti. Absorbés dans la haute région où leur contemplation les transporte, à peine s’aperçoivent-ils de ce mouvement, de ces créations nées de quelques-unes de leurs paroles. Ces ateliers qui s’élèvent, ces colonies qui se peuplent, ces vaisseaux qui fendent les mers, cette abondance, ce luxe, ce bruit, tout cela vient d’eux et tout cela leur reste étranger. Le jour qu’une doctrine est devenue pratique, ils l’abandonnent au vulgaire; elle ne les regarde plus. »

Les pouvoirs publics, en France, ont méconnu depuis longtemps cette loi de corrélation entre la science théorique et la vie des nations. Victime sans doute de son instabilité politique, la France n'a rien fait pour entretenir, propager, développer le progrès des sciences dans notre pays; elle s’est contentée d’obéir à une impulsion reçue; elle a vécu sur son passé, se croyant toujours grande par les découvertes de la science, parce qu’elle leur devait sa prospérité matérielle, mais ne s’apercevant pas qu’elle en laissait imprudemment tarir les sources, alors que des nations voisines, excitées par son propre aiguillon, en détournaient le cours a leur profit et les rendaient fécondes par le travail, par des efforts et des sacrifices sagement combinés.

Tandis que l’Allemagne multipliait ses Universités, qu’elle établissait entre elles la plus salutaire émulation, qu’elle entourait ses maîtres et ses docteurs d’honneurs et de considération, qu’elle créait de vastes laboratoires dotés des meilleurs instruments de travail, la France, énervée par les révolutions, toujours occupée de la recherche stérile de la meilleure forme de gouvernement, ne donnait qu’une attention distraite à ses établissements d’instruction supérieure.

Au point où nous sommes arrivés de ce qu’on appelle la civilisation moderne , la culture des sciences dans leur expression la plus élevée est peut-être plus nécessaire encore à l’état moral d’une nation qu’à sa prospérité matérielle.

Les grandes découvertes, les méditations de la pensée dans les arts, dans les sciences et dans les lettres, en un mot, les travaux désintéressés de 1 esprit dans tous les genres, les centres d’enseignement propres à les faire connaître, introduisent dans le corps social tout entier l’esprit philosophique ou scientifique, cet esprit de discernement qui soumet tout à une raison sévère, condamne l’ignorance, dissipe les préjugés et les erreurs. Ils élèvent le niveau intellectuel, le sentiment moral ; par eux, l'idée divine elle-même se répand et s’exalte.


Translated via DeepL:

Few people understand the true origin of the wonders of industry and the wealth of nations. I need no other proof of this at this time than the increasingly frequent use, in speech, in official language, in writings of all kinds, of a very improper expression, that of "applied sciences". It was once complained, in the presence of a minister of the greatest talent, of the abandonment of scientific careers by men who could have pursued them with distinction. This statesman tried to show that this should not come as a surprise, that today the reign of theoretical sciences was giving way to that of applied sciences. Nothing could be more erroneous than this opinion: nothing more dangerous, dare I say, than the consequences that could result, in practice, from these words. They have remained in my memory as clear evidence of the imperative need for the reforms that our higher education system is calling for. No, a thousand times no, there is not a category of sciences to which one can give the name of applied sciences. There is science and the applications of science, linked together like the fruit to the tree that bore it.

I don't know how much of the birth of the industrial arts at the origin of societies was due to chance, when man appeared naked and helpless on the surface of the earth, when he was unaware of the extraction and use of metals, the manufacture of glass and pottery, etc. I don't know how much of the birth of the industrial arts was due to chance. What is certain is that, nowadays, chance favors invention only for minds prepared for discoveries by patient study and persevering efforts.

The great practical innovations, the great improvements in industry and the arts, the changes even in the relations of states have all come from the profound meditations of illustrious mathematicians, the laboratories of learned physicists, consummate chemists, and the observations of brilliant naturalists. "They are", says Cuvier, "these great practical innovations, only easy applications of truths of a higher order, truths that were not sought after for their own sake, that their authors pursued only for themselves and only driven by the ardor of knowledge. Those who put them into practice would not have discovered the germs; on the contrary, those who have found these germs would not have been able to take the necessary care to take advantage of them. Absorbed in the high region where their contemplation transports them, they hardly notice this movement, these creations born of a few of their words. These workshops which rise, these colonies which populate themselves, these vessels which split the seas, this abundance, this luxury, this noise, all that comes from them and all that remains foreign to them. The day that a doctrine has become practical, they abandon it to the vulgar; it no longer concerns them."

The public authorities in France have long been unaware of this law of correlation between theoretical science and the life of nations. Undoubtedly a victim of its political instability, France has done nothing to maintain, propagate, or develop the progress of science in our country; it has been content to obey a received impulse; it has lived on its past, believing itself always great by the discoveries of science, because it owed its material prosperity to them, but not realizing that it imprudently allowed its sources to dry up, while neighboring nations, excited by its own spur, diverted the course to their advantage and made them fruitful by work, by efforts and sacrifices wisely combined.

While Germany multiplied its Universities, established among them the most salutary emulation, surrounded its masters and doctors with honors and consideration, created vast laboratories equipped with the best instruments of work, France, enervated by revolutions, always busy with the sterile search for the best form of government, gave only distracted attention to its institutions of higher learning.

At the point where we have arrived at what is called modern civilization, the culture of science in its highest expression is perhaps even more necessary to the moral state of a nation than to its material prosperity.

The great discoveries, the meditations of thought in the arts, sciences and letters, in a word, the selfless works of the mind in all its forms, the teaching centers capable of making them known, introduce into the entire social body the philosophical or scientific spirit, that spirit of discernment which subjects everything to a severe reason, condemns ignorance, dispels prejudices and errors. They raise the intellectual level, the moral sentiment; through them, the divine idea itself spreads and exalts itself.

Sign up for free to join this conversation on GitHub. Already have an account? Sign in to comment